Début février, des tonnes de déchets se sont échouées sur la plage de la ville de Melbou, dans la province de Béjaïa en Algérie. Des photos partagées sur les réseaux sociaux ont attiré l'attention sur cette pollution, qui a recouvert le littoral telle une « vague de plastique », appelant les autorités à agir. Ce phénomène n'est pas nouveau ; il se produit régulièrement chaque hiver. Bouteilles en plastique, bouteilles en verre, canettes et autres déchets sont déversés dans la nature par les habitants et finissent par se retrouver dans la mer.
Le 2 février, une vidéo filmée entre Souk El Ténine et Melbou a été publiée sur les sites d'information locaux. Immédiatement après, le professeur Khaled Foudil de l'Université de Constantine, président de l'association environnementale OXY-Jeunes Darguina, a partagé sur Facebook des photos saisissantes illustrant la « catastrophe environnementale » sur la plage. S'adressant aux médias locaux, Foudil a déclaré que la gestion des déchets dans les villes de Béjaïa est inadéquate et a appelé à des solutions urgentes.
Selon Foudil, la plupart des déchets qui atteignent le littoral proviennent de la province de Béjaïa. Des décharges sauvages se trouvent le long des oueds Soummam et Agrioun. Par temps de pluie, ces déchets se mélangent aux rivières et sont charriés vers la mer. Les jours de tempête, la mer les rejette sur la côte de Melbou. « C'est la revanche de la nature », a déclaré Foudil.
Si les collectivités locales sont tenues de collecter régulièrement les déchets, la plupart des municipalités manquent de ressources financières. Les décharges et les installations de recyclage modernes sont d'un coût prohibitif. Par conséquent, les gens jettent leurs déchets dans des zones non contrôlées. Cela pollue non seulement la mer, mais empoisonne également les sols et les eaux souterraines. Lorsque les décharges sont pleines, les employés municipaux les brûlent, mais la fumée toxique produite par la combustion du plastique, en particulier, provoque des maladies respiratoires dans la région.
La situation est quelque peu différente en été. Les municipalités nettoient les plages pendant la saison touristique. Faute de précipitations, les rivières s'assèchent et ne peuvent plus transporter les déchets jusqu'à la mer. Cependant, le problème s'aggrave en hiver. L'association de Foudil organise des campagnes de sensibilisation et des nettoyages de plages. Cependant, les déchets collectés sont rejetés dans les mêmes zones non contrôlées, perpétuant un cercle vicieux.
Foudil et les militants écologistes exigent que toutes les villes de Béjaïa collaborent à la mise en place de décharges modernes et à l'amélioration des systèmes de recyclage et de tri. Actuellement, seul un réseau de recyclage informel existe ; certains particuliers collectent le plastique dans les décharges et le vendent à des entreprises de recyclage. Cependant, ils insistent sur la nécessité que ces activités soient légales et durables.
Malheureusement, le problème n'a pas été résolu depuis 2015 ; la plage de Melbou reste submergée de déchets.
